« La mise en route s'est faite de façon assez fluide » précise Véronique, l'une des initiatrices de ce projet d'habitat participatif. Ils sont installés depuis plus d'un an dans leur logement, allée du Saumurois, Cette première année a été bien occupée : « Il y a beaucoup de réserves sur la construction à gérer (fissures du crépis, étanchéité...). On avait aussi individuellement des travaux ». Chacun, chacune a sa vie personnelle avec enfants, pour certains, et des activités professionnelles... Pour la vie du collectif « On devrait y consacrer davantage de temps. Ça va se mettre en place», estime Véronique.
Leur résidence fait partie d'une copropriété (au total 45 appartements). « C'est important aussi d'avoir un certain poids dans le conseil syndical »: trois, parmi eux, y participent . Dès la première assemblée générale des copropriétaires, ils ont opté pour un syndic coopératif. (la scop Inova ) : « Ils nous soutiennent bien et négocient avec le promoteur sur les malfaçons » souligne Guylaine. La cohabitation avec les autres résidents se passe bien, même si « tout le monde n'est pas forcément informé qu'il y a un habitat coopératif à côté ».
Tous cooptés
Le projet a démarré en 2018 (voir ici). Tous les membres se sont cooptés au fur et à mesure de l'avancée du projet. Et tous ont appris à se connaître au fil des mois. Guylaine s'y est intégrée en février 2021. Habitant en région parisienne, originaire de Brest, elle souhaitait revenir en Bretagne, avec son garçon de 13 ans. Suite à un départ et une annonce sur Facebook elle participe à deux réunions (en visio). « Je devais ensuite acter le choix de réserver (ou pas) un appartement. Le groupe devait aussi valider ma candidature. Ça correspondait bien à mes valeurs et mes souhaits ». Joseph, Hélène, et leur fils Luce (2 ans aujourd'hui), arrivés un an avant la réception des logements, sont les derniers propriétaires du collectif. Ils appartiennent en majorité à la « petite classe, moyenne ». Joseph caractérise ainsi les habitants du collectif. « Tout le monde a pu acheter, mais beaucoup étaient limités, juste après ».
Tous cooptés
Les deux batiments de l'habitat participatif : l'un de trois niveaux, au premier plan, l'autre de sept niveaux
Sensibles au collectif
Au départ de deux personnes, Pierre-Yves (2) et Ghislaine, leurs logements ont été mis en location. Ghislaine a mis son T2 en location, par Soliha, un organisme social. « Pour les locataires, c'est le propriétaire qui choisit » , indique Véronique. « On avait évoqué qu'il faudrait quasiment l'accord du groupe. Mais les gens qui louent font attention à ce que ce soit des personnes sensibilisées à l'habitat coopératif : ils travaillent soit dans l'économie sociale et solidaire, soit dans des activités culturelles ». Pour l'avenir, en cas de revente du logement, c'est le droit commun qui s'appliquera, même avec une règle dans le règlement intérieur de l'association. « A nous de maintenir un climat de confiance, souligne Véronique, et à ceux qui partiront de s'assurer d'être remplacés par des gens qui s'intègrent et de les présenter avant de conclure la vente ». La question ne s'est pas encore posée. En accession maîtrisée, tous les propriétaires doivent rester au moins cinq ans dans leur appartement.
Une fois par mois
La livraison des appartements s'est faite en deux temps, en juillet puis en octobre 2023. L'organisation de la vie en commun a été facilitée : les gens se connaissaient déjà. Le groupe s'est formé progressivement depuis 2018. Ils ont (plus ou moins) défini les grands principes de fonctionnement collectif. « Même s'il y a un décalage entre le moment où on réfléchit et le moment où l'on vit». Guylaine raconte : « Très vite on est parti sur le principe d'une réunion mensuelle, le premier vendredi du mois. Mais avec aussi, dans la mesure du possible, un temps convivial. Au début, il a fallu réfléchir à du pratique. Comment on gère les parties communes : la salle de réunion, une chambre d'amis, la buanderie , l'atelier, le local vélo... ». Véronique précise « On a des commissions mouvantes : on peut passer de l'une à l'autre ». Elles permettent à celles et ceux qui le souhaitent de réfléchir à un sujet : végétalisation, tarif de la machine à laver.... Les conclusions sont présentées en réunion plénière, c'est elle qui prend les décisions, au consensus des personnes présentes. Les pieds sur terre, le groupe a, dès le départ, envisagé le règlement de problèmes éventuels. Pendant l'élaboration du projet, ils ont bénéficié de formation à la communication et dynamique de groupe. « Il y a la volonté, depuis le démarrage, de bâtir un dialogue constructif entre nous ». Véronique poursuit : « Dans la gestion du groupe on a eu des décisions difficiles à prendre. Mais on a toujours réussi à trouver des terrains d'entente, à dialoguer et à surmonter ces difficultés ».
Intégrés dans le quartier.
Jean-François Bourblanc
(1) les quatorze logements réunissent deux T2, dix T3, deux T4
(2) Pierre-Yves, l'un des promoteurs du projet, est décédé en novembre 2022.
Pour en savoir plus :
Sur l'habitat participatif en Ille et Vilaine, l'association Parasol
Voir aussi les débuts du projet de l'allée du Saumurois. sur Histoires ordinaires